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Maman Siamoise
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Maman Siamoise
16 mai 2019

L'art de savoir céder

savoir céder

Eduquer c’est aussi savoir céder.

Dans son merveilleux livre Serre moi fort (Bésame mucho), le pédiatre Carlos González explique merveilleusement bien l’intérêt du savoir céder. A ne pas confondre avec du laxisme évidemment, ce que les détracteurs de l’éducation positive s’empresseront de faire.

Dans notre société tout est interdit aux enfants. Même si à la maison, nous nous efforçons d’appliquer les principes de l’éducation bienveillante, nos enfants vont à la crèche, à l’école, chez les copains… et ils sont confrontés chaque jour, et plusieurs fois par jour, à des interdictions. Ma fille commence beaucoup de ses phrases par « Est-ce que j’ai le droit de … », ce qui me chiffonne, parce qu’à la maison « avoir le droit », « autoriser » ou « interdire » ne font pas vraiment partie de notre vocabulaire. Je sais bien qu’elle entend ça à l’extérieur et qu’elle doit se plier à ces règles. Enfin plus exactement, pas se plier aux règles, mais se plier à la façon d’appliquer les règles. Parce que c’est la façon de présenter les choses qui change tout, mais ce n’est pas le sujet, ceci fera l’objet d’un autre article ;-)

L’idée c’est que si on prend quelques minutes pour bien y réfléchir, on réalise qu’on répond souvent par la négative aux demandes de nos enfants. Et ce, purement par principe. Il me demande un chocolat au milieu de l’après-midi, c’est non parce qu’on ne grignote pas entre les repas. Il veut mettre son t-shirt rouge, c’est non parce que j’ai préparé les affaires depuis hier soir et que j’avais prévu qu’il mette le bleu. Il veut lire une deuxième histoire avant de se coucher, c’est non parce que le soir c’est une histoire et puis c’est tout. Ce ne sont là que quelques petits exemples, mais il faut reconnaitre que nos journées sont ponctuées de ces refus aux demandes de nos enfants.

Et si au lieu de refuser bêtement et simplement, je prenais 30 secondes pour réfléchir à sa demande ?

  • Il est 16 heures, il a envie de manger un chocolat. Ça m’embête parce qu’on est au milieu de l’après-midi et que je ne veux surtout pas que mes enfants prennent l’habitude de grignoter entre les repas. Et puis le chocolat c’est plein de sucre quand même. Enfin bon, en même temps, ce n’est pas le sucre contenu dans un seul chocolat… et puis s’il le mange maintenant, ce n’est pas ça qui va lui couper l’appétit pour le diner. Et si j’acceptais ? Je pourrais lui dire oui, mais un seul. Si je le préviens bien dès maintenant, avant de le lui donner, qu’il n’en aura qu’un, il comprendra un refus de lui en donner un deuxième (voire même il n’en demandera pas un deuxième). Et puis, si j’acceptais, il serait content, ça lui ferait plaisir. Et moi je serais contente de le voir heureux. Et ça nous éviterait aussi une phase de chouinage, pleurnichage, lamentation et compagnie… alors pourquoi pas ?
  • Je prépare les vêtements la veille au soir pour éviter de perdre du temps le matin. Je regarde la météo et j’élabore les tenues en fonction. Ça me prend du temps et de l’énergie tout ça. Et ce matin, alors qu’on est déjà à la bourre, il me dit qu’il n’aime pas le t-shirt bleu que je lui ai préparé et qu’il veut le rouge. Ah non hein, ça va comme ça, pas le temps de tergiverser c’est non, on met le bleu que j’ai préparé et on part à l’école. Enfin non… en réalité on part pour 10 minutes de négociation et de pleurnichage, agacement, perte de patience, une journée qui commence bien en somme. Alors si j’acceptais ? En fait, la couleur du t-shirt ne change pas grand-chose. Ça reste un t-shirt. Et puis surtout, si j’accepte, on va s’économiser ces fameuses 10 minutes de galère, et on sera même sûrement à l’heure à l’école. Allez, c’est oui pour le t-shirt rouge. Et ce soir on préparera les affaires pour demain ensemble !
  • Je continue avec l’exemple de l’histoire du soir ? Non, ce n’est pas nécessaire. L’idée c’était juste de montrer qu’au lieu de répondre « non » du tac au tac, mais en prenant quelques instants pour analyser la situation et se mettre dans la peau de l’enfant, on se rend compte bien souvent que notre « non » est un « non » de principe qui n’est pas vraiment fondé. Et puis on se rend compte aussi que l’ambiance à la maison est bien plus sereine avec un petit « oui » de temps en temps.

Encore une fois, ne confondons pas tout. Il ne s’agit pas de dire « oui » à toutes les demandes. Il s’agit d’analyser les choses et d’évaluer si la demande est raisonnable ou non. Si elle ne l’est pas, si elle met l’enfant en danger par exemple, il est évidemment hors de question d’y céder. Nous devons bien sûr poser des limites dans leur intérêt et notamment pour leur sécurité.

Pour terminer, je rappellerais que, on le sait bien, les enfants se construisent en nous imitant. Nous sommes leur modèle.

Certains diront que céder c’est montrer une faiblesse. Je ne pense pas ! Au contraire, savoir céder c’est montrer une capacité à réfléchir, à se remettre en question. C’est montrer de l’empathie aussi. C’est plutôt un bel enseignement pour nos enfants.

D’ailleurs, ne dit-on pas qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ?

 

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